La diction corporelle dans le mouvement hip-hop: quelques annotations

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Noêmia Santos Crespo

Universidade Federal de Espírito Santo

Grupo de pesquisa "Psicanálise na Universitade"

Traduction Michael A. Soubbotnik

 

 

 

 

Depuis Freud, le malaise dans la civilisation oblige les psychanalystes à se livrer à un exercice permanent de réflexion et d'écriture. Devant le réel qui fait trauma, il ne reste d'autre recours que le travail – et le discours de l'analyste, une fois qu'en sont produits les effets, inaugure un mode nouveau de faire face à la violence du réel.

 

La violence, nous autres Brésiliens en savons tous quelque chose. Impossible de la méconnaître. Les media en font un spectacle, dans un empressement à montrer que beaucoup soupçonnent d'avoir un effet d'incitation rétroactif sur ce qui là s'exhibe à merci. Un rapport du Ministère de la Justice révèle que le Brésil avait atteint le chiffre de 43.847 actes de violence ayant intentionnellement causé la mort au cours de la seule année 2005[1]; certains quartiers à la périphérie de nos villes doivent supporter des taux de plus de 100 assassinats pour 100.000 habitants[2]. Dans cette guerre non déclarée meurent et tuent principalement les jeunes Noirs issus des favelas et des quartiers populaires. Beaucoup d'entre eux sont liés au crime plus ou moins organisé. D'autres forment les rangs de la piétaille policière. D'autres encore sont décimés par les escadrons de la mort ou les règlements de comptes entre personnes.

 

Aborder le problème en prenant pour repère l'éthique de la psychanalyse exige que l'on se mette à l'écoute des sujets qui appartiennent à ces groupes dits “à risque”. On découvre alors qu'ils construisent leurs propres discours sur la question, et leurs propres réponses au fameux malaise. Parmi ces discours et ces réponses se distingue le dénommé “mouvement hip-hop”.

 

Parlons un peu de ce mouvement. D'origine noire et jamaïcaine, il se développe aux États-Unis au cours des années 70 et, accompagnant la dynamique de la mondialisation, se fait bientôt international. Dans les ghettos et les banlieues des grandes villes du monde entier, de la France au Mexique, de l'Allemagne au Brésil, on écoute le son du rap composé dans la langue locale et où s'exprime le vécu de ce qu'il est convenu d'appeler les classes dangereuses : chômeurs, précaires, immigrants, Noirs, Indiens… enfin, tous ceux qu'un important Monsieur français qualifia un beau jour de racaille.

 

Le rap n'est pas une musique harmonieuse ou relaxante. Elle ignore la mélodie et ne connaît que rythm and poetry sur une base de sons dysharmoniques et de battue lourdingue ; le tout est présenté par le DJ – disc-jockey – spécialiste en animation de soirées et de fêtes hip-hop avec leurs rythmes et leur son puissants. Au Brésil, la tradition du mouvement veut que le rap dénonce la violence sociale et soit chanté le doigt tendu en un geste franchement accusateur. Comme le dit lui-même le rappeur capixaba[3] Garcia, “On ne compose pas un rap pour parler d'amour. Si je voulais écrire quelque chose pour ma copine, un truc lyrique, ça ne pourrait pas être du rap. Il faudrait que ce soit de la MPB”.

 

En dehors du chant parlé et de la sonorisation par les DJ, le mouvement hip-hop comprend d'autres éléments : un style de danse – le break – qui se prétend issu de la protestation contre la guerre du Vietnam dans les ghettos américains et consiste en chorégraphies faisant allusion à des mutilations et à des corps brisés ; et un style d'expression graphique murale – le graffiti – qui serait l'héritier de la tradition muraliste mexicaine et des tags au moyen desquels les gangs des ghettos marquent leurs territoires respectifs.

 

Ces quatre composantes du hip-hop sont ponctuées par un style très caractéristique de diction corporelle : gestuelle, vestimentaire et capillaire. L'esthétique en est affirmative, voire franchement agressive. Les corps se parent et se meuvent au quotidien comme de véritables manifestes, comme autant d'affiches vivantes qui interpellent.

 

Le modèle visuel du hip-hop exige des vêtements trop grands et souligne les caractéristiques raciales ou ethniques[4]. Les cheveux afro, par exemple, sont hérissés ou tressés en forme de dreadlocks – jamais décrêpés ou coupés à ras. La démarche balancée au rythme cassé imitée des ghettos traduit ce qu'un rap composé par un groupe capixaba appelait ‘o gingado entrujado / que só os caras daonde eu vim na favela têm’. On porte de grosses chaussures ou des baskets trop grandes, des pantalons baggy qui laissent voir les sous-vêtements, de grosses chaînes sur la poitrine ; des couleurs sombres, des imprimés camouflage. Les rituels de salutation stylisent un échange de coups de poings et de taloches bien qu'ils s'achèvent souvent en embrassades chaleureuses. La position des doigts de la main et du poignet lorsque le rappeur chante imite une arme à feu. Comme le dit Pandora, leader national du mouvement hip-hop : “les mots sont des armes, les raps sont des grenades”. Le hip-hop n'est pas un pur et simple loisir, il est une sorte de militance. Il configure l'identité, suppose l'adoption d'un nom de guerre (comme Pandora, Garcia, Sagaz, MV Bill…). Et la guerre ne fait pas défaut. Il s'agit de violence, selon les deux lectures possibles, comme thème et comme pratique, de l'expression. “Le jeune de la banlieue est très stressé”, explique Garcia. Ce qui stresse le jeune de banlieue peut le pousser à combattre à mort pour rien ou presque, ou lui faire embrasser une carrière dans le crime. Le hip-hop canalise la violence latente au sein de ce “groupe à risque” dans les matches d'improvisation de vers de rap, les démonstrations de break dance dans les rues, les images flamboyantes des graffitis et la visibilité provocatrice qu'impose la diction corporelle.

 

Cela nous suggère l'hypothèse que le mouvement hip-hop opère comme une réponse symptomatique. Il fait bord au “stress” dont parle Garcia, inscrit sauvagement quelque chose d'une jouissance potentiellement dévastatrice. Cette jouissance, il la chiffre sur un mode graphique ou, mieux, en “tague” quelque chose, y compris par et sur le corps. Ça s'exhibe. Ça blesse l'oreille. Ça ne pacifie rien. Ça hurle, ça détonne. Ça fait tache.

 

Nous sommes donc en quête de la jouissance “stressante” à laquelle répond le hip-hop – et le réel traumatisant qui les convoque l'une et l'autre – dans la dimension scopique où chaque être parlant est voué à chercher quelque chose de sa cause dans le regard de l'Autre.

 

Lacan souligne que la question de la manière dont l'Autre perçoit la propre image du sujet affecte ce dernier au plus intime de son être. Dans un passage du Séminaire 10, nous trouvons une indication extrêmement suggestive sur l'importance du regard comme objet, que ce soit dans la causation du désir ou dans le déclenchement de l'angoisse :

 

[...] j'avais cru devoir, […] projeter à l'avance une formule vous indiquant le rapport essentiel de l'angoisse au désir de l'Autre. […] Moi-même revêtant le masque d'un animal dont se couvre le sorcier de la grotte des Trois Frères, je m'étais imaginé devant vous en face d'un animal, un vrai celui-là, supposé géant pour l'occasion, une mante religieuse. Comme, le masque que je portais, je ne savais pas quel il était, vous imaginez facilement que j'avais quelque raison de n'être pas rassuré, pour le cas où, par hasard, ce masque n'aurait pas été impropre à entraîner ma partenaire dans quelque erreur sur mon identité." (LACAN, 2000, p. 14)

 

Le désir de l'Autre est une énigme dévoratrice. Que veut-il de moi ? Quel masque dois-je porter ? Quelle image du Moi peut-elle l'apaiser ?

 

Dans Pulsions et destins de pulsions, Freud parle de l'avènement d'un nouveau sujet dans la fermeture du circuit voir/être vu/se faire voir. Lacan, pour sa part, élève le regard au statut d'objet partiel de la pulsion dans le séminaire qu'il consacre au thème de l'angoisse.

 

Par les temps qui courent – l'ère de la Télé-Vision – le regard domine de plus en plus notre vie quotidienne de Big Brothers[5] plus ou moins consentants : violation de l'intimité, yeux d'Argus des caméras qui nous cernent et nous surveillent, installées à bord de satellites ou au coin de chaque rue, à l'entrée des immeubles ou dans les ascenseurs[6]. Ça regarde. Mais ça fait aussi pose. Lueur hypnotique des écrans d'ordinateurs et de télévision, outdoors, vitrines, marchandises rutilantes qui captivent nos regards, au point de causer des accidents – toutes sortes d'accidents…

 

Le regard, enseigne Lacan, est de tous les objets partiels le plus apte à obturer la dimension du manque. Au plan scopique, l'image avec sa bonne forme induit la supposition de la puissance de l'Autre. Elle fomente une in-vidia, amenant à croire que l'Autre admiré "en a" comme on dit – ou encore qu'il est en possession de l'objet du désir.

 

Le fantasme fondamental, dit Lacan, est un vœu simpliste : que l'Autre défaille devant l'objet que je suis, déduction opérée à partir de ce que je vois en moi (LACAN, 2000, p. 62). Traduite dans le langage de la pulsion scopique, sa formule est approximativement la suivante : puisque je montre le masque qui hypnotise, je puis peut-être échanger ma place pour celle de la mante religieuse. Rêve de la séduction universelle à laquelle rien ni personne n'échapperait !… Les biologistes marins décrivent la stratégie d'un calamar des grands fonds qui attire et paralyse ses proies en faisant de son corps une sorte d'écran parcouru de flashes lumineux. Fascinée par le spectacle de ces lumières colorées, la victime se laisse dévorer sans résistance.

 

Mais sur le territoire dominé par le Marché Mondial, qui dévore et qui est dévoré par le cirque des images fascinantes ?

 

Dans sa version contemporaine, le capitalisme se soutient de la consommation de masse – dans tous les sens possibles de l'expression. Il faut que les masses consomment. Pour cela, il faut qu'elles soient consommées par l'impératif de jouir des images de la marchandise. Il faut qu'elles se laissent inciter à donner corps coûte que coûte à cette image de la marchandise.

 

D'un côté ça montre, ça exhibe, ça séduit. Promotion des “visuels” désirables de plus en plus impérativement. De l'autre côté, ça encadre, ça surveille, ça fait ségrégation et ça évite phobiquement tout ce qui s'écarte des modèles iconiques du désirable.

 

Aux États-Unis, de jeunes Blancs de la classe moyenne en viennent à se prostituer pour pouvoir acquérir et exhiber les gadgets électroniques dernier cri[7]. Quels effets peut donc avoir le commandement contemporain de jouissance scopique sur une société comme la société brésilienne, marquée par des inégalités de revenus et de richesses abyssales ?

 

Dans notre décor urbain s'exhibent immeubles et voitures de luxe, marchandises high tech dans les vitrines et dans les spots télévisés. S'exhibent aussi de véritables océans de favelas et de quartiers pauvres mal desservis en équipements sanitaires, en services de santé, en écoles, en transports.

 

Il y en a pour dénoncer l'existence d'apartheids qui pour n'être pas reconnus n'en sont pas moins très efficace dans la société brésilienne – dynamiques de ségrégation et de discrimination elles aussi adossées, bien que non exclusivement, à certains signes visuels. Dans les beaux quartiers, quiconque ne montre pas les traits raciaux et sociaux signalant l'appartenance au territoire est ignoré, évité ou craint. S'il porte des vêtements de travailleur manuel, il devient invisible. C'est ce que découvrit avec stupeur un jeune chercheur en psychologie sociale de l'Université de São Paulo : une fois déguisé en balayeur, ni ses camarades ni ses professeurs ne le reconnaissaient ou ne le remarquaient sur le campus où il avait circulé pendant six années en interagissant avec ceux-là mêmes qui n'étaient même plus capables de le voir[8]. Dans son uniforme orange de manœuvre, il était devenu invisible à ses pairs, s'était transformé en élément du paysage, en être transparent, en chose que le regard traverse – bref, en un “moins que rien” : quelqu'un d'un autre monde, d'une autre caste, quelqu'un de radicalement autre. Mais celui qui ne porte ni la salopette du balayeur, ni le costume du cadre sup., celui-là, surtout s'il est noir et d'autant plus qu'il est plus ostensiblement noir, celui-là déclenche un regard de peur et de répulsion s'il circule dans un espace socialement attribué aux Brésiliens plus aisés[9]. Il devient “le suspect dans le collimateur” – le danger qu'il faut éviter ; la cible privilégié de l'attention policière. Criminel avant qu'il ait fait la preuve du contraire.

 

Quel réel “le suspect dans le collimateur” met-il en scène ?

 

Les économistes se réfèrent à une “offre illimitée de main d'œuvre non qualifiée”, que le progrès de l'industrialisation ne parvient pas à absorber, comme à une caractéristique des pays sous-développés[10]. Dans le cas du Brésil, la recherche des origines de bien des gens pauvres aboutit toujours aux millions d'Africains réduits en esclavage au cours des 350 premières années de notre histoire – “tache noire” que l'on préfèrerait effacer de notre mémoire collective.

 

Une fois l'esclavage aboli – et le Brésil fut la dernière nation américaine à le faire – on ne parvint pas à abolir le racisme du même coup. L'immense contingent de la population noire et métisse fut traité comme un rebut indésirable, une entrave au progrès économique et social. On ne savait que faire de tant d'anciens esclaves et descendants d'esclaves. Il y en eut même pour proposer leur renvoi forcé vers l'Afrique de leurs origines[11]. Pour d'autres, l'espoir reposait sur l'extinction darwinienne des Noirs[12] ou dans leur blanchiment par métissage[13]. On fit venir des immigrants européens pour occuper les emplois salariés, jusqu'aux travaux manuels, et pour coloniser des terres allouées par l'État. On espérait ainsi “améliorer le sang” du peuple brésilien. On ne mit par contre en place aucune politique publique visant à promouvoir l'assimilation des descendants d'esclaves à la dynamique de la production sociale de richesses sous régime de travail libre. De cela, on ne voulait rien savoir, abandonnant le problème à la logique du Marché. Si ce n'est que la logique du Marché finit par promouvoir des technologies de plus en plus économes en main d'œuvre, ce que les luddistes percevaient déjà au XIXe siècle. Quant aux mécanismes de l'offre et de la demande, ils n'allaient pas à eux seuls éliminer les séquelles de l'esclavage. Il resta beaucoup de non assimilés –dans le symbolique, dans l'imaginaire et dans le réel.

 

Qu'est-ce qui fait donc peur dans la rencontre du “suspect dans le collimateur”, sinon le retour ou la rétorsion imaginaire d'une violence qui a marqué notre histoire et n'a jamais semblé mériter une élaboration collective à la hauteur de la dévastation qu'elle a produit, des traces qu'elle a laissées, des effets qui ont été les siens ? Quel point d'horreur émerge donc dans le champ scopique, sinon le mémorial d'une jouissance nocive aussi difficile à aimer en mon prochain qu'en moi-même et que Freud thématise dans son Malaise dans la Culture ? Voyons ce que Freud y écrit :

 

L'élément de vérité largement désavoué derrière tout cela est que l'homme n'est pas une douce créature en mal d'affection capable, au pire, de se défendre si on l'attaque […] Son prochain n'est donc pas seulement pour lui une aide ou un objet sexuel potentiels mais aussi celui sur lequel il cherchera à satisfaire son agressivité, dont il cherchera à exploiter sans vergogne la force de travail et à s'approprier les possessions, qu'il cherchera à abuser sexuellement, à humilier, à torturer et à tuer. […] L'existence d'une tendance à l'agressivité que nous pouvons éprouver en nous-mêmes et supposer à raison chez l'autre est le facteur qui perturbe notre relation à autrui […]. (FREUD, 1930/2000, p. 240-241)[14]

 

Ce qui est “largement désavoué” infeste le territoire de ce qui se voit, de ce qui s'exhibe, de ce qui s'admire, de ce qui répugne et de ce qui s'ignore activement dans l'actualité brésilienne. Le legs esclavagiste non élaboré au fil des générations et ses effets mortifères imposent la répétition de ce qui ne s'est pas subjectivé.

 

La violence d'un mode de jouissance collectif adossé à la “production extensive, donc insatiable, du manque-à-jouir”[15], se sert désormais du travail salarié et des impératifs de la consommation de masse. L'esclavage généralisé qui en résulte se superpose à l'héritage de l'esclavage “à l'antique” sans l'absorber, en en potentialisant les dommages. Jouissance sans perte invoquée par les gadgets, rivalité imaginaire scientifiquement provoquée par la propagande, processus toujours plus durs de ségrégation, exercent leur incidence sur une société hantée par le spectre de “l'offre illimitée de main d'œuvre non qualifiée” : multitudes inassimilables qui, désavantagés économiquement, socialement, scolairement et phénotypiquement, se disputent des places de plus en plus rares sur le marché du travail.

 

“J'ai l'objet et tu ne l'auras jamais” dit l'image scintillante, ornée de l'hypnotique marchandise, au sujet de l'in-vidia. “Tu es malvenu dans ce paysage” disent aux porteurs de certains masques sociaux et raciaux les mécanismes de ségrégation scopique. “Ce que je vois en ton semblant me répugne” leur signifie “o olhar amaldiçoador/por trás do vidro fumê” (“le regard qui les maudit/à travers la vitre fumée”) dont parle un groupe de rap capixaba justement dénommé… Suspeitos na Mira (“Suspects dans le Collimateur”).

 

Le manque au champ de l'Autre, où le sujet peut trouver sa demeure, est obturé par l'objet angoissant du regard qui repousse ou par la perfection humiliante d'une image qui fascine et qui exclut.

 

Au “suspect dans le collimateur” s'impose un choix forcé bien particulier (et “stressant”) entre la position du maître et celle de l'esclave. S'il choisit de protéger sa propre vie, il doit se soumettre de bon cœur aux lois de l'apartheid social et racial – à moins qu'il jouisse de talents et d'une obstination exceptionnels comme certains sambistas, joueurs de football, etc.[16] Dans le cas contraire, il doit se résigner à demeurer “à sa place” et à jouir de sa position d'esclave en échange d'une certaine marge de liberté subjective ; ou bien, à la limite, à aliéner son être à son statut d'objet d'usage, d'abus ou de répulsion. S'il s'obstine néanmoins à affirmer sa liberté, et à donner plus de valeur à la position de maître qu'à sa propre vie, il peut s'aliéner au statut d'objet dangereux – d'objet inassimilable que l'Autre divise dans sa couleur de peau, dans ses traits, dans son statut d'habitant de la favela. Il en viendra à se faire voir par force comme un dangereux criminel, un sinistro qui “passe à la télé” et fascine les femmes par son aura de héros tragique insensible à la peur. Le prix en est d'accepter le “destin” de tous ceux, si nombreux, qui meurent de mort violente entre 14 et 24 ans[17].

 

Devant un tel choix forcé, le mouvement hip-hop tente d'inventer un chemin différent. D'un côté, il refuse la soumission résignée aux lois de l'apartheid socio-racial. Il les dénonce et les défie. Il promeut une coupure permanente dans l'harmonie, tant visuelle qu'auditive. Si l'aliénation adaptative recommande les conduites d'atténuation ou de recouvrement, le hip-hop se fait monstration affirmative, intrusive (elle ne se restreint pas à l'espace du ghetto) et stylisée des traits déclencheurs de l'‘olhar amaldiçoador’, du "regard de malédiction", de l'Autre : traits de négritude et vêtements de favelado.

 

La diction corporelle du hip hop piège, capture, cerne la violence de ce regard. Elle procure une certaine fic(xa)tion de la jouissance dans le champ scopique ; maintenant, on joue à arracher l'œil dont on subissait auparavant le regard de manière erratique et passive. Celui qui demeurait médusé devant l'image excluante ou le regard furtif et horrifié de l'Autre, se montre cette fois activement, revêtu ludiquement du costume, de la couleur de peau et de la gestuelle du “suspect dans le collimateur”.

 

Le sujet peut ainsi faire trou dans un champ où, autrement peut-être, il ne pourrait se situer comme manque mais seulement comme reste. Il peut le faire sans aliéner totalement son être au statut de l'objet dangereux, sans se coaguler dans la position de maître – en l'occurrence celle du criminel sans peur et sans pitié qui défie les lois de la polis dans sa lutte à mort de pur prestige. Cette lutte est sublimée par la voie de l'art dans le mouvement hip-hop, ce qui rend possible quelque écriture de la jouissance et une remise en ordre sous son régime.

 

C'est donc avec le rap, le break, le graffiti et une certaine diction corporelle que le sujet perfore l'harmonie captieuse de la scène d'exclusion. Il fait violemment tache dans le panorama pour inventer des images alternatives de l'admirable et du désirable – des figures non pacificatrices qui dénoncent la ségrégation sociale et scopique en l'assumant ouvertement. Ainsi vêtu et investi, le corps semble se faire plus habitable, mieux habilité à supporter la violence du réel.

 

Si en définitive le hip-hop rencontre ses limites dans une certaine cristallisation stéréotypée de ce qui se produit dans le mouvement, il permet dans d'autres cas la rupture de névroses de destin ; la viabilisation de vocations improbables, tant individuelles que collectives ; des articulations originales de l'invention et de la production ; une dénonciation sociale de certains modes de gestion du travail et de génération de revenu, accompagnée de la création d'alternatives spécifiques ; un sérieux, non exclusif d'une posture ludique, qui s'autorise de soi-même (“o gingado entrujado que só os caras de onde eu vim lá na favela têm/isso não é mal, pra mim é um bem também”).

 

Le mouvement hip-hop offre au sujet une alternative à la dialectique irrespirable du maître et de l'esclave dans la mesure où il fait apparaître l'inconsistance de l'Autre, quelque chose du manque au champ de l'Autre – où et comment, bien souvent, on l'espérait le moins : “Maintenant, ce sont les playboys qui veulent s'habiller comme nous”, se vante Pandora. “L'adolescent de la classe moyenne lui aussi veut contester, a envie de rébellion et d'insolence. Alors, il adopte le style hip-hop”.




Raslani Hip Hop Fonte (crédits: Raslani Seraphin)

 

 

Références bibliographiques

 

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RUY, José Carlos. “O sonho racista de um povo branco”. In Vermelho.org.br. http://www.vermelho.org.br/diario/2005/0223/ruy_0223.asp?nome=Jos%E9%20Carlos%20Ruy&cod=4206 ,acesso em 23/02/2005.

SAGAZ, BRAU, DU RAP e FLI, 2006. O Suspeito. Disponível em CD-ROM.

SOUZA E SILVA, Jailson de. “Por que uns e não outros?" Caminhada de jovens pobres para a

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VENTURA, Mauro. No Front do Rio, 30 de março de 2007.

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VIANA, Oliveira. Evolução do Povo Brasileiro. S. Paulo: Monteiro Lobato, 1923.

 

 

Annexe

 

O SUSPEITO

Rap composé par le groupe capixaba Suspeitos na Mira (Sagaz, L.Brau, Dudu du Rap, DJ LD Fli)

 

Na favela ou longe dela o Sagaz tá ligado/Como é duro, maluco, esta vida de pichado/ No asfalto, na praça ou no supermercado/Tô sentindo e sendo olhado/Não sei do que sou culpado/Nem me sinto assustado/Fico que nem mosca por cima da carne-seca/Um bom motivo pra mostrar o meu gingado entrujado/Que só os caras daonde eu vim na favela têm/Isso não é mal, pra mim é um bem também/Nem minha mãe imaginaria o futuro que seu filho suspeito teria/No dia a dia/A polícia é uma ameaça bandidagem só desgraça/Sem farsa/Abandonei a escola desde moleque/Seu olhar é sinistro/O corpo é raquítico/Mas a língua é afiada cortante como navalha/Não deixa falha

 

Suspeito até no osso, maluco bicho solto, não dorme com os zoi dos outros/Não deixa falha,

Suspeito até no osso, maluco bicho solto, não dorme com os zoi dos outros/Não deixa falha

 

Sujeito com malícia, vim cobrar o meu respeito/Meus direitos de suspeito/Quando entro no banco/Se liga só, vai vendo/Segurança quando me vê coça a cabeça, sua as mãos/Fica com as pernas tremendo/Ligado no movimento/Pressão, sem ação/Lamento se você é treinado pra isso/ Suspeita de qualquer cara que se veste como eu visto/Imprevisto/No shopping, que sensação estranha/A minha presença causava impressão tamanha/Na manha, pela vitrine eu via/O segurança que me flagrava/E no walkie-talkie assim comunicava:/ "Operante na escuta?"/"Prossiga"/"Elemento suspeito de cor parda cabelo afro e trajando calça jeans e bonbojacko azul/Se dirigindo à praça de alimentação"/"Positivo, abordagem já prossegue"/Conheço essa cena não piada sobre o tema/Problema?/Situação a que sou exposto/O tempo fecha/E as coisas não são como antes/Enquanto me enquadra lá vai os cara/De terno importado sapato lustrado/Metranca do lado levando o seu chefe/E seu salário no mínimo seqüestrado/E o que você protege?/A rica minoria que vem aqui e gasta todos os dias/Sou da favela e a maioria aqui impera/Na nova era sou fera/ Tomando de assalto meu direito de ir e vir/No vai e vem da vida contra o seu olhar amaldiçoador/Que por trás do vidro fumê me condenou/Quando criança até hoje/Agora chegou nossa hora/Demos a volta por cima/Vai ter que engolir quatro suspeito que rimam, que rimam

 

Suspeito até no osso, maluco bicho solto, não dorme com os zoi dos outros/Não deixa falha,

Suspeito até no osso, maluco bicho solto, não dorme com os zoi dos outros/Não deixa falha

 

Até o osso vou com gosto/Disposto, maluco bicho solto/Mente ativa contra o sistema/Quero justiça/

E pra f..., os home ainda é racista/Enquadra na pista eu e meus irmãos/Polícia na pista/Ladrão não tá marcando não/Suspeito não é ladrão/É só uma objeção/Primeira averiguação/Encarem a real situação/Que lá nos becos do morrão você não mete as caras não/Só se for de batalhão/ Aterroriza a população/Nos trazendo mais problema/Não me engano, os home faz parte do sistema/Pra quem mora nos morrão, baixada ou favelão/É preto, é branco,/Se disfarça de playboy ou encosta no paredão/Se pra sua informação/Que na hora da batida/Você lê os meus direitos e nos senta a coronha da doze nos peito/Não!/Tô falando de respeito/Como de Edmilson Cândido do Rosário/ Que na volta do trabalho/Enquadrado pelos home, espancado, humilhado,/Se revoltou e acabou/Como o maior bandido do Estado

 

Suspeito até no osso, maluco bicho solto, não dorme com os zoi dos outros/Não deixa falha,

Suspeito até no osso, maluco bicho solto, não dorme com os zoi dos outros/Não deixa falha

 

 

 


[1] MINISTÉRIO DA JUSTIÇA, SENASP, 2006.  Análise das ocorrências registradas pelas Polícias Civis (Janeiro de 2004 a Dezembro de 2005),  20 p. Disponible sur Internet <www.mj.gov.br/SENASP/estatisticas/mapacrime/Mapacrime2004_2005.pdf>

[2] Cf. BACOCCINA, Denize. S. Paulo connaît plus de 1% des homicides du monde entier. BBC Brasil.com, 30 juillet 2004. Disponível na Internet Disponible sur Internet <http://www.bbc.co.uk/portuguese/reporterbbc/story/2004/08/040730_vsaopaulodbdi.shtml>

[3] Natif de l'État d'Espírito Santo (NdT)

[4] Nous emploierons dans cet article le concept de “race” en le considérant comme une construction sociale essentiellement étayée sur des traits phénotypiques, à la manière dont il opère dans la culture brésilienne – bien que la génétique contemporaine interdise une conceptualisation scientifique de la race en termes biologique lorsqu'il s'agit de l'espèce humaine. L'efficacité du racisme en tant que dispositif de hiérarchisation et de ségrégation ne paraît pas avoir besoin du moindre appui dans le discours scientifique, puisqu'il peut parfaitement prendre appui sur la logique des préférences positives et négatives du “consommateur” pour les semblants des personnes comme des choses. Pour une discussion récente de ce thème, voir MUNANGA, Kabengele, Uma abordagem conceitual das noções de raça, racismo, identidade e etnia. <www.acaoeducativa.org.br/downloads/09abordagem.pdf>

[5] L'équivalent brésilien de la défunte émission de télé-réalité intitulée Loft Story en France, continue sa longue carrière avec succès sous le titre de Big Brother Brasil (BBB) (NdT)

[6] En guise d'exemple : 59 ans après que George Orwell a écrit son célèbre 1984, la Grande-Bretagne possède aujourd'hui quatre millions deux cent mille caméras réparties sur le territoire de l'île afin de surveiller les personnes – une pour quatorze individus. Chaque personne est captée 300 fois par jour en moyenne par ces caméras. Cf. EXCESSO DE VIGILÂNCIA está transformando sociedade, diz relatório. BBC Brasil.com, 2 de novembro de 2006. Disponible sur Internet <http://www.bbc.co.uk/portuguese/noticias/story/2006/11/061102_sociedadebigbrother_ir.shtml>

[7] Cf. MAIEROVITCH, Walter. “Os negócios do sexo”. Revista Carta Capital, 12 de janeiro de 2003. Disponible à <http://www.consciencia.net/mundo/03/porno.html>

[8] Cf. COSTA, Fernando Braga. Homens invisíveis: relatos de uma humilhação social. São Paulo, Globo, 2004.

[9] On lira, en guise d'illustration, le récit suivant : “Aujourd'hui, sur le coup de 11 heures, j'ai suivi du regard un jeune Noir d'environ seize ans qui se dirigeait, torse nu, en bermuda et en tongs, vers la plage. Il est passé près d'une fille qui s'est arrêtée en l'apercevant, attendant qu'il s'éloigne. Non contente de cela, elle a traversé la rue et a fait demi-tour sous l'effet de la panique. Pendant ce temps là, lui poursuivait son chemin. Peu après, l'adolescent a croisé une autre fille, aux formes généreuses et, comme c'est l'habitude au Brésil, il s'est retourné pour la regarder marcher. Elle aussi s'est retournée, mais pour une autre raison – elle avait peur. Quand elle a vu que lui aussi la regardait, elle a pressé le pas. Un peu plus loin encore, il a croisé une femme qui en s'apercevant de sa présence, a sursauté et a serré son sac tout contre sa poitrine. Et elle n'a pas été la seule. Quand il est arrivé à la plage, je l'ai perdu de vue. Autrement dit, sur la distance d'un pâté de maisons ce jeune Noir a été discriminé – à 11 heures du matin, dans une rue d'Ipanema – par toutes les personnes qu'il a croisées. Mais, n'est-ce pas, il n'y a pas de racisme au Brésil”. Message posté par Mauro Ventura sur le Blog No Front do Rio, le 30/03/2007 <http://oglobo.globo.com/rio/ancelmo/frontdorio/>

[10] Voir, par exemple, ce qu'écrit à ce sujet l'économiste Carlos Bresser Pereira entre beaucoup d'autres : “L'idée d'un secteur traditionnel, précapitaliste, fut largement critiquée en Amérique Latine à partir des années 60. On fit donc remarquer que ce secteur ‘traditionnel’ était en vérité un secteur formé par des individus ‘marginaux’, ou ‘exclus’ des bienfaits du développement, mais qui faisaient bel et bien partie du système capitaliste. Le secteur traditionnel est, en réalité, un secteur fonctionnel du point de vue du capitalisme sous-développé et dépendant. Il est constitué de pauvres qui travaillent à leur compte ou sans carte de travail, qui font donc partie du secteur informel ou du secteur informel ou du secteur des exclus plutôt que du secteur traditionnel ou précapitaliste. Son rôle est d'offrir une force de travail à bas prix à toute une série d'activités auxiliaires qui favorisent la réalisation du profit et l'accumulation capitaliste. [...] Au contraire de ce qui s'est produit dans la majorité des sociétés sous-développées, la main d'œuvre illimitée n'est pas au Brésil originellement issue de la paysannerie des tout petits propriétaires ruraux mais du latifundium esclavagiste. Il existe donc ici deux processus différents : l'offre illimitée de main d'œuvre non qualifiée, qui caractérise pratiquement tous les pays sous-développés, et le latifundium esclavagiste, qui est une caractéristique propre au Brésil. La combinaison des deux processus s'est avérée explosive en termes de concentration des revenus et se serait constituée en obstacle structurel au développement brésilien. [...] D'un autre côté, le présupposé selon lequel cette dualité se verrait dépassée par l'industrialisation s'est révélé erroné. C'est qu'il négligeait deux faits : la dimension énorme du secteur marginalisé dans l'économie brésilienne, et la baisse du besoin de force de travail liée aux progrès techniques intervenus au cours du dernier quart du XXe siècle. Désormais, au vu de cette expérience accumulée, il est devenu clair que l'incorporation du secteur traditionnel au secteur moderne ne se fera pas automatiquement à travers l'accroissement du PIB et la hausse de l'emploi dans le secteur formel de l'économie, mais exigera des stratégies spécifiques de transformation et de capitalisation du secteur traditionnel lui-même.” In BRESSER-PEREIRA, Luiz Carlos, “O conceito de desenvolvimento do ISEB revisitado”. IX Encontro Nacional de Economia Política, Uberlândia, 8 a 11 de junho de 2004. <http://www.bresserpereira.org.br/>

[11] Exemple : “Qu'on ne pense pas qu'en proposant l'abolition de l'esclavage, mon vote aille au maintien de la race affranchie dans le pays : cela ne serait souhaitable ni pour la race dominante ni pour la dominée. La première risquerait de supporter les réactions de la seconde qui, de son côté, souffrirait les suites d'antiques préjugés qui jamais ne cesseront de l'accabler”. (BURLAMARQUE, Frederico Leopoldo Cezar, abolitionniste, défendant le retour des Noirs en Afrique après l'Abolition. In Memória Analytica à Cerca do Commercio d’Escravos e à Cerca dos Males da Escravidão Domestica, Rio de Janeiro, Comercial Fluminense,1937, 94 p; idem, 44 p. <http://www.geocities.com/fusaoracial>

[12] Exemple : “Cette œuvre d'aryanisation de notre peuple rencontre d'autres collaborateurs plus énergiques que l'immigration des races blanches d'Europe. Il y a des sélections naturelles et sociales qui accélèrent extraordinairement chez nous la célérité du processus de réduction des éléments ethniquement inférieurs (VIANA, Oliveira. Evolução do Povo Brasileiro. S. Paulo, Monteiro Lobato, 3 ed., 1923, 153p). <http://www.educacaoonline.pro.br/art_professoras_negras.asp>

[13] Exemple : En 1930, Pandiá Calógeras écrivait que “la tache noire tend à disparaître en un temps relativement court en vertu de l'immigration blanche dans laquelle la descendance de Cham se dissout” (les Africains étaient tenus pour les descendants de Cham, le fils maudit de Noé). RUY, José Carlos. “O sonho racista de um povo branco”. Vermelho.org.br , 23/02/2005

[14] Trad. de l'all. M. A. Soubbotnik

[15] “la plus-value, c'est la cause du désir dont une économie fait son principe : celui de la production extensive, donc insatiable, du manque-à-jouir. Il s'accumule d'une part pour accroître les moyens de cette production au titre du capital. Il étend la consommation d'autre part sans quoi cette production serait vaine, justement de son ineptie à procurer une jouissance dont elle puisse se ralentir.” (LACAN, Jacques. (1970) "Radiophonie", Nouveaux Écrits. Paris: Éditions du Seuil, 2001, p. 435)

[16] En définitive, des jeunes issus des favelas de Rio de Janeiro parviennent à entrer à l'université et à rencontrer dans l'enseignement public les moyens d'une ascension sociale légitime. Pour une analyse des conditions favorables à ces issues (hélas encore rares), voir SOUZA E SILVA, Jailson de. “Por que uns e não outros?" Caminhada de jovens pobres para a universidade. Rio de Janeiro, Sette Letras, 2003.

[17] “Pourquoi les uns et pas les autres ?” Cette question révèle l'étonnement du journaliste Zuenir Ventura (1996:180), après avoir rencontré des personnages aux trajectoires bien différentes, tous originaires de la communauté de Vigário Geral : d'un côté Flávio Negão – à l'époque chef du trafic de drogue local ; de l'autre, le propre frère de Flávio, qui se désignait lui-même – d'un ton dépourvu de connotation péjorative – comme un otário, autrement dit comme un travailleur”. SOUZA E SILVA, Jaílson de. Sobre as práticas sociais. <www.iets.org.br/article.php3?id_article=516>. [Le terme ótario peut parfaitement avoir une connotation péjorative qui le rapprocherait du bolos ou du bouffon des banlieues françaises. D'où l'importance de relever le ton avec lequel s'opère l'auto-désignation. NdT]