Thèses de 2008

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  • La poésie de Fernando Pessoa et ses traductions en français - Thèse soutenue par Albertina Pereira-Ruivo, présentée devant l’Université Sorbonne Nouvelle-Paris 3, le 18 décembre 2008 (en cotutelle avec l’Université Nova de Lisbonne) sous la direction de : Anne-Marie Quint et Teresa Rita Lopes.

 

  • A fragmentação na literatura portuguesa contemporânea: índices enunciativos, configurações textuais e percursos interpretativos, defendida por Matilde Gonçalves, tese em co-tutela entre a Université de Paris 8 e a Universidade Nova de Lisboa, dezembro de 2008;

 

  • La mémoire des « invasions françaises » au Portugal (1807-1811) au croisement des sources orales, écrites et iconographiques, thèse de doctorat soutenue publiquement par Tereza de Almeida Marques Caillaux, le 15 février 2008 à l’Université Paris X – Nanterre, préparée sous la direction de Madame le Professeur Idelette Muzart – Fonseca dos Santos, avec la collaboration de Madame Ernestine Carreira.

 

 


La poésie de Fernando Pessoa et ses traductions en français

 

Thèse soutenue par Albertina Pereira-Ruivo

 

 

Présentée devant l’Université Sorbonne Nouvelle-Paris 3, le 18 décembre 2008 (en cotutelle avec l’Université Nova de Lisbonne)

sous la direction de : Anne-Marie Quint et Teresa Rita Lopes

 

La renommée universelle de Fernando Pessoa, dans le domaine de la poésie, est comparable à celle de Picasso dans le domaine de la peinture, il existe cependant une grande différence entre les deux arts. Si le regard sur l’œuvre artistique varie peu d’un pays à l’autre, les auditeurs non lusophones sont capables d'apprécier un poème de Pessoa, lu en portugais. Pour beaucoup de francophones, l'appréhension de la poésie, de Pessoa et des autres poètes, passe par la traduction en langue française et ainsi le rôle des traducteurs est fondamental à la perception de l’œuvre poétique.

C'est à ce travail des traducteurs de Pessoa que nous nous intéressons dans notre thèse.

Pour analyser les problèmes posés aux traducteurs de Pessoa et étudier comment ils ont tenté de les résoudre, nous avons jugé utile d’approfondir nos connaissances dans deux domaines, d'abord sur l’écrivain et son œuvre, ensuite sur la traductologie.

Enfant, Fernando Pessoa doit partir en Afrique du Sud où il fera de brillantes études en anglais. Après avoir acquis un solide bagage en langue et littérature anglaises, il retourne à Lisbonne pour s’inscrire à la Faculté de Lettres mais il abandonne ses études pour se consacrer à ses activités littéraires. Il commence par publier, dans A Aguia, trois articles sur la nouvelle poésie portugaise, dans lesquels il propose un nouveau mouvement littéraire qui parte du Portugal vers l’Europe et qui intègre les autres courants ; il annonce la venue prochaine d’un « Supra–Camões » qui suscitera un mouvement portugais de dimension universelle.

En tant que traducteur, Pessoa expose ses projets de traduire Shakespeare en langue portugaise ainsi que ses projets de traduction en anglais d’écrivains comme Camões, Antero de Quental, Sá-Carneiro et Almada-Negreiros. Il s’attache à la problématique de la traduction : un poème est une idée ou une émotion communiquée à d’autres par un rythme. Il précise ainsi dans l’introduction de traductions de poèmes d’Edgar Poe, publiées dans la revue Athena : « Tradução de Fernando Pessoa, rythmicamente conforme com o original ». Ces indications permettent d’imaginer le jugement qu’il aurait porté sur les traductions de ses propres poèmes.

Réaliser une étude exhaustive des théories de la traduction n’est pas le but de cette thèse et nous nous limitons à en fixer le cadre, afin de souligner les problèmes théoriques et pratiques de la traduction d’œuvres littéraires et, principalement, d’oeuvres poétiques.

Dans un bref historique de la traduction, on observe que certaines théories se sont opposées à l’acte de traduire. Les jugements ont ensuite évolué vers une vision de la traduction comme nécessité et aussi enrichissement de la langue d’arrivée. En effet, traduire oblige à exploiter toutes les possibilités de la langue d’arrivée pour exprimer ce qui n’est pas habituel dans cette langue. Schleiermacher dit à ce sujet que celui qui parle ou écrit doit apporter quelque chose à la langue, ce qui interdit la simple répétition.

La perception de l’acte de traduire varie de la simple transposition d'une langue à l'autre, à une recréation dans une autre langue ; ainsi pour Meschonnic, la force d’une traduction réussie est qu’elle est une poétique pour une poétique, pas du sens pour le sens ni un mot pour le mot, mais ce qui fait d’un acte de langage un acte de littérature.

Le traducteur doit transposer d’une langue à l’autre en reconstruisant un texte qui puisse avoir le même impact sur le lecteur ; l’énoncé traduit doit être capable de provoquer les mêmes émotions que l’original. La traduction requiert un lourd travail car les traducteurs doivent d’abord comprendre et décomposer puis, ensuite, recomposer dans une autre langue. L’acte de traduire est difficile en soi quand il s’agit d’une œuvre littéraire mais il est plus difficile encore dans le cas d’une œuvre poétique car, en plus du sens des mots, la forme et toute la technique poétique génèrent aussi du sens et que tous ces éléments forment un ensemble complexe. Lors de la traduction, le traducteur doit rendre cet ensemble, création de l’auteur, par son propre ensemble. Il doit s’organiser pour compenser dans le tout ce qu’il n’a pas pu conserver en partie.

 

L'étude spécifique des problèmes posés par la traduction de la poésie de Pessoa se limite à deux œuvres : Mensagem et Ode Marítima.

Après une analyse des poèmes originaux, nous les comparons aux traductions afin d’identifier les problèmes posés aux traducteurs de Pessoa et d’étudier les solutions adoptées. Nous analysons la problématique générée par les difficultés spécifiques à la traduction de la poésie: restitution de la métrique, des rimes, du rythme et du sens.

Nous exposons la méthode choisie pour analyser les problèmes spécifiques posés par la traduction de la poésie en vers libres, poésie où le rythme joue un rôle essentiel. Cette méthode consiste à analyser les divers éléments qui constituent le message poétique original et à comparer les traductions obtenues. Nous étudions ainsi successivement la conservation au plan du sens, de la versification, de l’accentuation et des sonorités.

Un procédé de visualisation des accents permet de comparer les accents de l’original avec ceux des traductions, ce qui permet d’observer les cas où la conservation de l’accentuation a présenté de réelles difficultés. Les traducteurs sont conduits à opérer des choix entre conservation d’un élément et sacrifice d’un autre.

Pour terminer l’étude de la conservation du rythme, nous avons réalisé une traduction hybride en sélectionnant dans chaque traduction les fractions de vers dont l’accentuation est la plus proche de celle du texte original. Nous avons constaté que l’impression auditive, à l’écoute de cette traduction hybride, est proche de celle à l’écoute de l’ode originale.

Dans les traductions analysées d'Ode Maritime, les traducteurs avaient généralement bien rendu la technique poétique de Campos, même s'ils ont dû parfois, pour l’obtenir, modifier un peu le sens. C’est ainsi que les traducteurs ont souvent choisi des termes moins précis que ceux du texte original afin de conserver un rythme plus homogène.

Cette étude démontre que la tâche du traducteur ne se limite pas à la transposition d’un énoncé d’une langue à l’autre, ou selon les termes de Meschonnic : « traduire un poème est écrire un poème » ou selon Fernando Pessoa lui-même: « Shakespeare só se deve ousar traduzir - o verso para verso, e a prosa para prosa, e que verso e que prosa teem de ser ! Mas vá que o não sejam : o traductor terá falhado n’uma boa causa. »

Les annexes de la thèse présente les différents traducteurs des œuvres analysées. Nous avons contactés certains d’entre eux et constaté les divergences  de leurs critères de qualité : les uns plaidant la transparence, les autres l’opacité.

Compte tenu des critères de Pessoa lui-même, sur la qualité d’une traduction, nous pensons que les francophones reçoivent, en écoutant une bonne traduction, un message poétique peu éloigné du message reçu par les lusophones lorsqu’ils écoutent l’original. Même si les traductions ne sont pas parfaites, c’est grâce au travail acharné des traducteurs que l’œuvre de Pessoa a rencontré son public en France et dans le monde, une cinquantaine d’années seulement après sa mort.

 

 


 

 

 

A fragmentação na literatura portuguesa contemporânea: índices enunciativos, configurações textuais e percursos interpretativos

 

Defendida por Matilde Gonçalves

Tese em co-tutela entre a Université de Paris 8 e a Universidade Nova de Lisboa

Dezembro de 2008

 

O tema central deste estudo é a fragmentação na literatura portuguesa contemporânea. O interesse pela fragmentação nasceu da experiência enquanto leitora de obras literárias portuguesas contemporâneas, nas quais elementos semiográficos – tais como enunciados inacabados, elípticos, espaços-brancos ou ainda jogos a nível da mancha tipográfica – participam na sua criação através de um movimento de construção/desconstrução, de continuidade/descontinuidade colocando o texto numa dimensão para além da estritamente verbal.

 

Partindo deste modo de construção, o problema coloca-se da seguinte maneira: como se constrói o sentido de um ponto de vista onomasiológico (o do enunciador) e de um ponto de vista semasiológico (o do receptor) num corpus de obras literárias portuguesas contemporâneas?

 

O corpus é constituído por dez obras de dez autores diferentes – cinco homens e cinco mulheres – que aqui apresentamos por ordem cronológica da primeira edição: Faria, Almeida, Rumor Branco, 1992, (1ª. ed. 1962); Abelaira, Augusto, Bolor, 1986 (1ª. ed.1968); Costa, Maria Velho de, Casas Pardas, 1986 (1ª. ed. 1977); Llansol, Maria Gabriela, O Livro das Comunidades, 1999, (1ª. ed. 1977); Tavares, Urbano Rodrigues, Dissolução, 1977; Centeno, Yvette K., No jardim das nogueiras, 1982, Gonçalves Olga, Ora Esguardae, 1989, (1ª. ed. 1982); Brito, Casimiro de, Pátria Sensível, 1983; Gersão, Teolinda Os Guarda-chuvas cintilantes, 1994; Nunes Rui, Que sinos dobram por aqueles que morrem como gado?, 1995.

 

Para explicar a particularidade destas obras, convém salientar o plano não verbal ou icónico (elementos semiográficos) em conjunto com o plano verbal e a presença de inúmeras vozes enunciativas, nem sempre reconhecíveis, a partir das quais e com as quais se manifesta um sujeito em filigrana.

 

A caracterização do modo de construção textual e do sentido fez-se em torno de três níveis de análise: 1) manifestação do “eu” fragmentado, 2) configurações da escrita fragmental, 3) percursos interpretativos.

 

A análise dos indícios enunciativos do sujeito evidencia a manifestação de um “eu” fragmentado, clivado (onomasiologia), que se projecta fora do centro, no seio de uma profusão de vozes, criando assim um jogo ambivalente entre identidade e alteridade. (Parte I).

 

O estudo das configurações da fragmentação gráfica e da fragmentação textual do corpus revela a criação de novas formas textuais no seio da literatura portuguesa[1], próximas do rizoma concebido por G. Deleuze e F. Guattari. Estas formas edificam-se seguindo o processo dos fractais[2], ou seja, o objecto constrói-se através da multiplicação da mesma forma, seguindo diversas escalas. Assim sendo, as obras literárias fragmentais possuem um sistema em rede, próximo de um hipertexto. (Parte II) Nesse sentido adoptamos o termo escrita fragmental para evidenciar o facto de os textos literários portugueses contemporâneos, pelos quais nos interessamos, se manifestarem através de uma forma dinâmica, em perpétuo processo de realização, de criação e de recepção.

 

A literatura, não sendo um “pensamento completo” e/ou “organizado” para retomar a expressão de Paul Valéry, oferece ao leitor um espaço de evasão. As obras literárias enquanto « obras abertas » possibilitam ao leitor diversos percursos interpretativos (semasiologia) e convidam-no a participar na construção do(s) sentido(s)[3]. No caso da escrita fragmental, o leitor é envolvido na criação da obra através do jogo complexo entre dimensão verbal e dimensão não verbal. (Parte III).

 

A complexidade das obras fragmentais da literatura portuguesa incentivam uma reflexão epistemológica que, ao longo deste estudo, se fez segundo um movimento entre os textos do corpus e os instrumentos teóricos linguísticos abertos ao diálogo interdisciplinar. A reflexão epistemológica em questão baseia-se sobretudo na importância do texto como base para conhecer e compreender o mundo[4].

 

Pensamos assim ter contribuído para um melhor conhecimento da riqueza e da plasticidade da língua e da literatura portuguesa contemporânea através deste estudo sobre a fragmentação.

 

 


[1] “Este é, de resto, um tempo [década de 60] que a isso mesmo é propício: coincidindo com os primeiros sinais de agonia da ditadura, aprofunda-se nos nossos escritores a disponibilidade para experiências inovadoras, que vêm romper também com a estreiteza de processos narrativos até então vigentes”. in REIS, Carlos, « Ficções : trajectos, sentidos e discursos» in Jornal de Letras, Ano XVII, nº704, p.20. (sublinhado por nós).

[2] A teoria dos Fractais foi desenvolvida pelo matemático francês Benoît Mandelbrot em 1975. Cf. Les objets fractals. Forme, Hasard, Dimension, Paris, Flammarion, 1995 (1ª ed. 1975)

[3] A autora Maria Gabriela Llansol fala de “legente” quando se refere aos seus leitores.

[4] O sociólogo Boaventura de Sousa Santos menciona que “O texto sobre que sempre se debruçou a filologia é uma das analogias matriciais com que se construirá no paradigma emergente o conhecimento sobre a sociedade e a natureza.” in Um discurso sobre as ciências, Porto, Edições Afrontamento, 2007, (1º ed. 1987)

 

 


 

 

La mémoire des « invasions françaises » au Portugal (1807-1811) au croisement des sources orales, écrites et iconographiques

 

 

Thèse de doctorat soutenue publiquement par Tereza de Almeida Marques Caillaux

Le 15 février 2008 à l’Université Paris X – Nanterre

 

 

Préparée sous la direction de Madame le Professeur Idelette Muzart – Fonseca dos Santos, avec la collaboration de Madame Ernestine Carreira.

Jury composé des Professeurs António Pedro Vicente, de l’université de Lisbonne, Maria Graciete Besse, de l’université de la Sorbonne – Paris IV, Idelette Muzart – Fonseca dos Santos et Bernard Darbord, de l’université Paris X - Nanterre, et de Mme Ernestine Carreira, maître de conférences à l’université de Provence.

 

Cette étude des « invasions françaises » se fonde sur la problématique majeure qui consiste à saisir la mentalité portugaise à travers la définition d’une typologie de la mémoire dans ce contexte historique. Pour ce faire, la recherche a été orientée sur une analyse des traces laissées dans la mémoire des Portugais par ces campagnes napoléoniennes. Il a paru nécessaire de parcourir, au Portugal, les « lieux de mémoire », selon l’acception de Pierre Nora, pour saisir, par là-même, les objets de cristallisation symbolique du passé afin de comprendre comment les processus de distorsion et de transmission de cette mémoire s’étaient effectués et se déposaient à ce jour concurremment aux élaborations historiques et culturelles.

 

Il s’est donc constitué au long de cinq années de recherche sur le terrain un corpus constitué de documents oraux, écrits et iconographiques. Ces sources diverses et conséquentes ont été sélectionnées et traitées ensuite dans un souci constant d’interaction. Il fallait en effet, d’une part, pallier une connaissance approfondie improbable dans une telle diversité thématique et, d’autre part, tenter de mieux appréhender le domaine subjectif de l’imaginaire. En outre, l’évolution de ces événements a été observée, dans une perspective diachronique, dans divers domaines de la sphère imaginaire aussi bien par leur permanence évocatrice que par leur continuité représentative et ceci depuis le moment historique matriciel jusqu’à nos jours. Toutefois, par une démarche synchronique, une focalisation s’est opérée sur certains phénomènes paradigmatiques de chaque domaine observé.

 

Ce travail s’ouvre ainsi sur un récit des faits historiques à partir desquels s’est bâtie la construction mémorielle et mnésique. Ainsi, il a été nécessaire, dans un premier temps, d’aborder l’histoire du conflit vécu par le Portugal dans le cadre des fractures et des affrontements consécutifs à la Révolution Française conduisant à trois incursions armées dans le territoire portugais.

Une fois posées les données historiques, on entre alors dans le domaine de l’imaginaire à travers quatre voies qui définissent autant de chapitres.

 

Le chapitre deuxième, « L’écriture de l’histoire », explore les traces écrites concernant cette période historique. On entre chronologiquement dans l’espace de l’écrit par les créations pamphlétaires, expression multiforme qui englobe la prose, la poésie et le théâtre. Elles donnent un aperçu des premières réactions des Portugais à cette situation inhabituelle d’occupation étrangère.

Sont ensuite abordés les domaines de l’écrit concernant l’histoire, en tentant de détecter la part de mémoire qui y est insérée. C’est le cas pour l’enseignement dans les établissements scolaires depuis l’introduction de l’histoire dans les programmes scolaires, au XIXe siècle, jusqu’à l’époque actuelle.

 

Ce même chapitre aborde ensuite la littérature. Un panorama du roman historique sur les « invasions françaises » trouve ainsi sa place dans ce travail, des relations entre les œuvres s’étant dégagées, aussi bien pour la transmission d’une mémoire que pour la problématique de la reprise des sources.

 

L’art des images, au sens large, pictural et symbolique, est abordé dans un troisième chapitre. Si l’iconographie se trouve souvent au service d’une idéologie, la gravure, nationale et étrangère, de par son importante production à l’époque et sa reproduction facile par la suite, induit le questionnement, aussi bien sur les thématiques abordées par ces images que sur l’intérêt que de telles représentations conservent encore aujourd’hui.

 

Par ailleurs, l’observation de l’iconographie permet de comprendre les enjeux de la légende de Napoléon en France et de percevoir l’impact de son ‘image’ au Portugal, ainsi que de celle des héros nationaux et des batailles connexes. Propagande d’hier et publicité d’aujourd’hui, caricatures d’antan et bandes dessinées actuelles, le fil conducteur mémoriel y est sous-jacent.

 

Dans le domaine de la peinture, l’œuvre de Domingos Sequeira, contemporaine des événements, est incontournable car elle est presque la seule à en témoigner à vif. Bien plus tard, d’autres peintres ont choisi ce thème ; ils sont ici évoqués ainsi que leurs œuvres.

Il semblait néanmoins qu’une étude sur l’art pictural portugais ne saurait oublier les azulejos qui ravivent la mémoire des événements historiques nationaux. Les créations de Jorge Colaço, qui décorent le Palace Hotel de Buçaco, sont ici commentées ainsi que les différentes productions découvertes au long de cette recherche.

 

Le chapitre termine par une représentation du domaine militaire : les figurines.

 

La mémoire orale, matière du chapitre quatrième, est un point crucial de ce travail car elle est la partie vivante de cette recherche et le point d’ancrage de tous les autres domaines. C’est la ‘voix’ d’une mémoire qui, par le biais de la transmission, porte un témoignage de deux siècles. Elle est donc le résultat d’un processus en évolution qui se poursuivra probablement après l’entrevue qui la fige momentanément au hasard d’un enregistrement.

 

Ce chapitre débute par un mémento méthodologique qui présente les conditions et les caractéristiques des enregistrements (environ deux cents). Un de ces témoignages a servi de toile de fond à l’analyse structurelle et thématique de ces récits. Le travail d’analyse à partir de ce document oral est ponctué d’autres témoignages prélevés dans tout le pays. De plus, il est croisé avec une pièce d’archive.

 

Ensuite, est abordée la sphère familiale des principaux acteurs de ces campagnes : les descendants des commandants des armées française et portugaise et les princes héritiers de D. João et de Napoléon. Il s’agissait de saisir les systèmes de transmission ainsi que le champ réminiscent. Nous avons mis à l’épreuve notre propre héritage de ce passé historique en interviewant notre famille.

 

Un dernier sous-chapitre fait état d’une concentration mémorielle à l’intérieur d’un cercle familial résidant depuis deux siècles dans une même demeure, Casa das Gaeiras, et y conservant un fonds important sur la Guerre Péninsulaire.

 

Un dernier chapitre, le cinquième, aborde les commémorations de ces campagnes, une manifestation de la mémoire publique en contrepoint à la mémoire privée des récits oraux. Le Centenaire de la Guerre Péninsulaire y occupe une place de choix qui tente de saisir, autant que possible, la structure de base de cet édifice mémoriel à dimension nationale et, comme tel, d’une portée symbolique considérable. Deux moments forts de l’histoire du Portugal, à savoir, la période des dictatures de Salazar et de Marcelo Caetano, de 1933 à 1974 et la révolution du 25 avril 1974 ont permis de tester la résistance ou la perméabilité politique des phénomènes mémoriels.

 

Le Bicentenaire n’en était qu’à sa phase embryonnaire mais il a constitué une source d’information permettant de laisser une trace à chaud d’un épisode mémoriel, somme toute extraordinaire dans le cadre de cette période historique.

 

Une longue conclusion a permis de s’interroger sur la typologie de la mémoire dans les différents domaines observés à travers un champ herméneutique plus vaste, celui des formes de construction de l’identité de la Nation portugaise.